Ils se sont engagés au cœur des unités Covid

C’est autant le sentiment d’impuissance que celui du devoir qui introduit la discussion avec Claire, Mélanie, Charline et Thomas. Tous les 4, spécialistes thérapie chez Acute ont en moyenne 10 ans d’expérience en service de réanimation et ont apporté leur aide aux unités de soins en charge de patients atteints du Covid-19.

Dans les propos de chacun ce même discours combattif, l’impatience de rejoindre des équipes qui luttent, la frustration des premiers jours de ne pas pouvoir apporter son aide.

« Je ne dormais plus de voir le nombre croissant de patients »

Quand Claire comprend que les services de réanimation de son département sont sous contrôle, elle part en région parisienne pour être certaine de pouvoir se rendre utile. Appelée 36 heures après son inscription sur le site de la Réserve Sanitaire elle intègre l’AP-HP durant 15 jours, pendant lesquels elle dort à l’hôtel. Un parcours assez similaire à celui de Mélanie, basée à Strasbourg, en renfort jusqu’à fin avril. « Dès que j’ai eu l’autorisation de Baxter, je me suis inscrite et j’ai été rappelée rapidement pour une mission. »

Charline quant à elle, bien que jeune maman, n’a pas hésité longtemps. « Il m’a fallu quelques jours pour prendre la décision mais je savais que je serais plus utile en réa qu’à la maison. »

Comme elle, Thomas contacte directement les cadres des établissements pour faire part de son envie de travailler au sein de leurs services. « Je savais que je pouvais aider et mettre à profit les compétences les plus utiles. J’ai formé près de 80 personnes en 4 jours, sur le montage, l’utilisation, la manipulation et les points de vigilance de nos machines d’épuration extra-rénale. Je reçois des appels du sud de la France sur des questions liées aux machines. Tous les personnels de santé que je connais ont mon numéro de téléphone, qui est également collé sur nos machines si besoin. » Florence, qui se trouve sur le même secteur de Marseille, dont les besoins sont actuellement en baisse, s’est également inscrite et se tient prête si elle est appelée.

Claire, Mélanie et Charline : au cœur des unités Covid

Toutes trois racontent le réveil avant 6h, et les journées de 12h, le travail de nuit ou les semaines de 50 heures pour soigner des patients critiques, intubés. Dès les premières minutes de leur arrivée, elles sont plongées dans un univers certes familier mais complètement bouleversé. Tous les profils de professionnels de santé sont mobilisés : personnels des blocs, salles de réveil, chirurgie ambulatoire… Dans l’unité de Charline, en région parisienne, « les renforts viennent de partout, et tout le monde met la main à la pâte ». « J’ai un post-it sur mon front, avec mon prénom » illustre Mélanie. Les moyens humains sont mis en œuvre, mais la capacité d’adaptation en un temps record les surprend également. « Les établissements ont réalisé un travail considérable pour transformer un service conventionnel en unité de réanimation. L’unité dans laquelle je me trouve compte actuellement 52 lits, contre 20 habituellement » ajoute Claire.

L’empathie pour les patients comme pour les soignants

Malgré le sentiment d’urgence, elle se dit « frappée et peinée par la solitude des personnes hospitalisées. Les soignants manquent malheureusement de temps pour les échanges avec les malades. Bien qu’ils se trouvent dans un demi-coma, ils se manifestent parfois auprès de nous en nous serrant la main. »

Enfin, l’extrême bienveillance de tous les soignants tient toute sa place dans ce combat et est évoquée d’une seule voix. « Au milieu de ce chaos quotidien et des dommages psychologiques, il n’y a aucune tension, il y a même une grande solidarité entre les soignants. Seuls les patients comptent. » Les applaudissements, les repas offerts, les messages de soutien (…) toutes ces attentions les aident à tenir le coup moralement. « Les équipes sont fatiguées, la charge de travail est incommensurable. »

Mélanie rappelle l’engagement profond des équipes, « touchée par les médecins et soignants qui, quand ils tombent malades et doivent rester chez eux, ont le sentiment presque viscéral d’abandonner les collègues. Ils se sentent coupables. Cet arrêt est souvent très mal vécu. »

Une expérience intense, jamais vue, mais solidaire

Pour Claire, beaucoup de messages passent par le regard, notamment la solidarité. « Nous ne nous reconnaissons pas entre soignants. Nous n’avons pas non plus le temps de discuter, les yeux sont les seules parties visibles de notre corps. »  Dans l’unité de Charline, dont « certains n’ont jamais fait de réanimation, il faut former mais toutes les aides comptent. Les missions sont attribuées dans l’écoute et le respect de ce que chacun peut faire et supporter. C’est une aventure humaine. Je ne m’attendais pas être confrontée à une réalité aussi brutale. Mon premier patient avait mon âge. »

Mélanie se dit vraiment contente que Baxter lui ait permis de le faire. « Cela va dans le sens de mes valeurs. La direction a immédiatement eu la bonne attitude en nous permettant d’intégrer les rangs des équipes soignantes. C’est important d’avoir l’aval et le soutien de toute la BU et de toute l’équipe qui prend le relais de nos appels téléphoniques le temps de notre mission. »

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